26/3/2024

Nouvelle régulation européenne : la limite de 30 jours pour les paiements, un défi pour l'hôtellerie-restauration

L'Union européenne avance sur un texte législatif qui pourrait transformer les dynamiques financières des entreprises, en imposant un plafond de 30 jours pour les transactions commerciales. Cette mesure, qui vise à soutenir la liquidité des petites et moyennes entreprises (PME), pourrait cependant présenter des difficultés significatives pour certains acteurs du marché, notamment dans l'hôtellerie et la restauration.

Un horizon financier resserré pour les entreprises européennes

La chambre législative européenne se penche sur un règlement visant à standardiser la période de règlement des paiements à un mois. L'initiative, qui a franchi un cap décisif avec l'approbation de la commission parlementaire du marché intérieur et de la protection des consommateurs, entend combattre les retards de règlement qui asphyxient les finances des PME.

La proposition de loi européenne : une épée à double tranchant

Le raccourcissement des délais de paiement est une épée à double tranchant : si les entreprises pourront bénéficier plus rapidement de liquidités de la part de leurs clients, elles devront à leur tour accélérer le règlement de leurs fournisseurs. Cette nouvelle contrainte pourrait entrainer un besoin accru en financements, notamment pour les établissements de l'hôtellerie-restauration qui règlent généralement leurs transactions au comptant.

Les délais de paiement actuels en France : un grand écart à combler

Actuellement, les entreprises françaises s'alignent sur des délais moyens de 50 jours pour les clients et de 60 jours pour les fournisseurs. Une réduction à 30 jours impacterait donc une majorité d'entreprises, de tous secteurs confondus.

Implications sectorielles : l'hôtellerie-restauration face à un défi de financement

Les entreprises évoluant dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration figurent parmi celles qui ressentiraient le plus fortement l'effet de cette mesure. En effet, le passage à un délai de paiement plus court pour les fournisseurs impliquerait un besoin de financement externe pour maintenir la trésorerie.

L'impact sur les petites structures : une question de survie

Pour les restaurateurs et hôteliers, notamment les petites structures, la réforme pourrait représenter un défi majeur. Les besoins supplémentaires de trésorerie, qui ne seraient pas couverts par les liquidités actuelles, pourraient contraindre de nombreuses entreprises à chercher des solutions de financement externes.

Perspectives d'experts : entre optimisme et préoccupations

Thierry Millon, directeur des études chez Altares, reconnaît l'importance de lutter contre les retards de paiement mais met en garde contre une confusion possible entre retard et délai de paiement. Il souligne la nécessité de financements externes pour certaines entreprises déjà fragilisées par la nouvelle mesure.

Michel Dietsch, du LaRGE, attire l'attention sur les conséquences plus larges que la simple application d'une norme de paiement. Il met en évidence le risque de déséquilibre au sein des écosystèmes financiers qui lient clients, fournisseurs et bailleurs de fonds.

Vers une adoption et des ajustements

Le processus législatif avance, avec un vote prévu lors de la session parlementaire d'avril, avant que le nouveau Parlement, post-élections de juin 2024, ne se saisisse du dossier. Des ajustements pourraient être nécessaires pour répondre aux spécificités sectorielles, notamment pour le secteur sensible de l'hôtellerie-restauration.